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 PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜

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Demetrius « Dee » Dashawn

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Demetrius « Dee » Dashawn





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MessageSujet: PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜   PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜ Icon_minitimeLun 30 Avr - 20:04

« your vvorld but my street »


« You look so cool, you look so sweet, Come on baby, come on over, baby ! It's your world but it's my street, Come on baby, come on over, baby ! »
ALICE COOPER


Demetrius marchait dans la rue, son rat sur l’épaule et son chien trottinant derrière lui. En soi, rien de bien différent de d’habitude. Si ce n’est que d’habitude, lorsque Dee marchait dans la rue, il se promenait d’un pas nonchalant sans être trainard, prenant le temps d’observer autour de lui, de détailler, et que ce jour-là, il fendait la foule à grand coup d’épaules sans un mot d’excuses. De toute façon, compte tenu son gabarit et ses tendances vestimentaires, personne n’aurait osé se planter en travers de son chemin pour exiger avec pertes et fracas qu’il ne rende de compte à la vague humaine qui murmurait légèrement dans son sillage. Les rues d’Hanspeter étaient toujours bondées, c’était pourquoi la frontière entre ce quartier et Innozenz, destination du grand barbu, était si sensiblement visible ; arrivé dans le quartier huppé de la ville, l’homme put accélérer légèrement son pas, continuant de maugréer dans sa barbe, ses larges épaules faisant onduler son tee-shirt Rob Zombie au rythme de son pas. Depuis assez longtemps, il travaillait avec quelques jeunes paumés dans cette société de malade sur un projet de tags urbains, avec l’accord du propriétaire du mur, qui était le gérant d’une société plutôt tranquille. Tout allait bien jusqu’alors, les jeunes se raccrochaient à l’art et exprimaient leurs émotions et leur rancœur envers le monde dans leurs dessins plutôt qu’en cognant ceux qui leur tenaient tête, le propriétaire, un homme assez original qui adorait la provocation et jugeait qu’un mur d’Innozenz entièrement taggué par des jeunes de Bodom en était une belle présentation, était ravi. Le problème était qu’après un tragique accident de parapente, il avait perdu l’usage de ses jambes, et avait d’abord abandonné l’entreprise aux mains de son bras droit, avant de se donner la mort, désespéré de ne plus pouvoir marcher. Et comme on aurait pu s’y attendre, le bras droit en question désapprouvait totalement cette idée saugrenue de tags. Il avait, par quelques mesures audacieuses, réussi à placer l’entreprise en bonne pente et celle-ci commençait à devenir plus ou moins importante, aussi ce fichu mur taché par la crasse des bas-quartiers l’exécrait au plus haut point, et il avait fini par appeler Demetrius, qui n’avait comme à son habitude pas décroché puisqu’il avait la musique trop fort pour entendre la sonnerie de son fixe, et avait laissé un message hautain comme quoi le mur serait détruit dans quelques jours puisqu’il ne collait plus à l’image que l’entreprise voulait actuellement avoir.
Arrivé devant la porte de l’entreprise, Demetrius l’ouvrit sans frapper et passa devant la standardiste sans lui accorder un regard. Elle releva à peine le regard, habituée à voir le grand metalleux passer devant elle sans broncher ou en sortant une connerie sans queue ni tête. Il traversa à grands pas un couloir, son chien trottinant derrière lui, sans tenir cure du bruit assourdissant de ses godillots ferrés et de ses chaines dans le petit corridor. Arrivant devant le bureau du directeur, il l’ouvrit sans aménité, et se planta devant lui, du haut de son mètre quatre-vingt-quinze, et lâcha une phrase d’un ton glacial.

« C’est quoi ton bordel ? »

L’homme lui jeta un regard calme, puis prit la parole d’un ton posé.

« Demetrius, écoute. Je sais que ce projet te tient énormément à cœur, je suis désolé de devoir repeindre votre mur, mais tu dois comprendre que l’époque où Knutas était à la tête de cette entreprise est révolue. Je ne veux pas qu’une telle fresque nuise à sa réputation. »
« Mais sors toi les doigts des yeux, au contraire, ça ne nuira pas à sa réputation, ça lui donnera cette image de boîte branchée et jeune que les gens aiment tant. Tu ne toucheras pas à ce mur, c’est ton monde mais c’est ma rue. »
« Je ne veux pas prendre ce risque Demetrius. Désolé. »


Le barbu serra les dents puis acquiesça sombrement et lâcha un « au revoir » contraint avant de tourner les talons et de sortir de la pièce, récupérant Fenrir qui l’attendait dans le couloir, tandis que Loki sortait sa tête du keffieh de son maître. Alors son projet était mort. Et il allait devoir dire ça aux gars. Bonjour les mecs, ce connard qui a remplacé Knutas ne veut plus de vos dessins parce que vous êtes ces sales connards de sous-merdes de Bodom. Quelle foutue saloperie de société. Grinçant des dents, le grand barbu sortit son téléphone, résigné à l’idée d’appeler ses jeunes pour leur apprendre la fin de leurs après-midi ensemble, mais finit par hausser les épaules et se diriger vers le fameux mur. Arrivant dans la petite ruelle tranquille, il passa sa main sur l’immense lion mort vivant et stylisé qu’il travaillait depuis déjà plusieurs séances, avant de promener son regard sur le splendide squelette peint à côté par un des gars. Il posa ses yeux nostalgiques sur les autres dessins. Une madame Irma cadavérique, un Bip-Bip attrapé par Coyote triomphant, un crâne duquel s’arrachait la peau. Ses prunelles vertes s’arrêtèrent enfin sur le dessin qu’ils travaillaient ensemble depuis le premier jour, au centre du mur, entouré par tous les autres. Une camisole de force, un visage entièrement noir à l’exception de deux fentes lumineuses pour les yeux et la bouche, une cellule grise et blanche à l’éclairage maladif, un sol jonché de seringues et de pilules, taché de sang aussi. Et, écrit de leur main à tous, chacun d’une façon différente, le même message, comme une affirmation désespérée mais fermement ancrée en eux : « I’m not mad ! ».

Demetrius se tut et s’adossa au mur d’en face. Une silhouette se planta au bout de la ruelle, mais il ne détourna pas le regard. Elle vint se planter à côté de lui, mais il ne bougea toujours pas, si ce n’est pour la saluer.

« Salut Maëlle, ça fait un bail. »
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Maelle Seegan

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MessageSujet: Re: PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜   PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜ Icon_minitimeMar 1 Mai - 18:45

Que les rues sont peuplées aujourd’hui, songea Maëlle en traversant la foule tant bien que mal, remontant vers chez elle, pardon, chez les Seegan, ses parents adoptifs. Traînant au bout de sa main, un gros sac à roulettes, sur le chemin duquel s’écartaient les passants. Bien leur en prenait, car Maëlle n’avait cure de leur présence et tirait sur la longue poignée du sac à roulettes, sans prendre garde aux pieds se trouvant sur son trajet. Elle bouscula, poussa, frappa parfois, mine de rien, fit passer son sac devant elle pour se protéger comme avec un bouclier, et foncer dans le tas comme avec un tank, haleta, persifla, ragea quand la foule dense faisait bloc. Finalement, après une dizaine de minutes de lutte harassante dans la masse humaine, Maëlle lâcha prise. Elle se cala dans un coin, contre un mur, avec sa valise, et tira un paquet de cigarettes de sa poche, s’amusant des messages et des images dessus, qui se voulaient choquants, et n’éveillaient en elle qu’un peu d’intérêt ou d’amusement. Ben tiens, fumer tue…vivre tue, les gens, vivre tue ! Maëlle attrapa une cigarette qu’elle coinça entre ses lèvres, sortit son briquet estampillé, alluma tranquillement le petit tube de tabac et reprit sa route en traînant sa valise, tirant le sac d’une main, sa cigarette de l’autre. Elle entendit des imprécations sur son passage, des glapissements, des cris, des insultes. Un petit rigolo lui lança un qualificatif qui devait être équivalent à un genre de péripatéticienne, mais Maëlle passa outre et passa tout court, son sac en main.
Puis l’agacement la saisit. Pourquoi rentrer chez les Seegan ? Pourquoi gaspiller sa bonne humeur, à endurer leurs soupirs, leurs reproches et gémissements, leurs menaces aussi ? Pourquoi les laisser la réprimander sur ses notes, ses attitudes, sur sa dernière fugue qui avait duré une nuit entière, quand elle pouvait aller se balader tranquillement en ville, son sac à la main, et ne revenir qu’à la nuit tombée ? Elle ne risquait pas grand-chose : même un voleur endurci et désespéré n’aurait pas piqué ce sac…gros, informe, en toile qu’on devinait grossière, épaisse et usagée, il était maculé de tâches, jaunâtres ou marrons, rapiécé et n’avait au final de sac que le nom, et l’armature à roulettes. Et pour ce qu’il contenait, d’ailleurs !
Maëlle revenait du haras, situé en périphérie de la ville, à vingt minutes de trajet. Là-bas, dans ce petit endroit cossu conçu pour que les citadins, les gosses de riches, les privés de contact avec la nature depuis dix générations puissent aller enfourcher un cheval blasé, là-bas était un des êtres qui étaient les plus chers à Maëlle. Oh, pas les cavaliers. Ces gosses arrivaient aux écuries en belles voitures, dans leur veste neuve et reluisante, chaussaient leurs bottes en cuir parfaitement ciré dans les vestiaires, comme s’ils allaient en concours hippique. Ils montaient soit sur leurs propres bêtes, des chevaux superbes aux origines longues comme le bras, aux noms à rallonge et à affixes, des champions qui jamais n’atteindraient les sommets auxquels ils étaient promis, puisque des gosses riches et ennuyés se les étaient offerts comme jouets, ces champions qui auraient pu être acheté par de grands cavaliers. Au lieu de quoi ils tournaient dans les manèges, le mors pesant lourd sur leurs lèvres, coincés « entre mains et jambes » par des gamins incapables et prétentieux, qui montaient en tirant sur les rênes et pressant les flancs des équidés comme des citrons, pour que les « chevaux engagent les postérieurs ». Des gosses qui se prenaient pour des professionnels, et qui regardaient Maëlle avec commisération quand elle arrivait sur son hongre si commun. Il n’avait rien des fils de Quidam de Revel, ce hongre, ce fruit d’une partouze de paddock, moitié arabe, moitié espagnol, moitié Quarter et beaucoup selle français. Il n’avait rien de ces animaux là, avec sa robe brune et sa large liste en tête, ses grandes oreilles, ses sabots comme des assiettes avec lesquels il s’emmêlait, parfois, dans les barres d’obstacles. Il n’était pas monté en Pelham, en martingale ni en rênes allemandes, il n’était pas monté en collier comme ces prétendus cavaliers éthologistes, qui au lieu de cisailler la bouche de leur cheval, lui cisaillaient le chanfrein en montant en licol…Non, il n’était rien de tout ça, son Ardent. Mais il avait quelque chose que ces fils de, ces rois, ces bêtes superbes brisées car montées par des gosses, elles qui étaient nées pour des champions, n’avaient pas. Il avait le regard vif et joyeux, il avait l’œil plein de volonté et de plaisir quand cavalière et cheval entamaient une cession à la jambe ou une pirouette. Il était vivant, Ardent, il faisait des bêtises, des farces, à la différence des animaux transformés en machines par des cavaliers qui voulaient montrer leur emprise sur eux, sur le cheval, qui prenaient l’être pour un piédestal, un objet. Et avec lui, Maëlle était apaisée et heureuse, autant que le cheval.

La seule chose bien que ses parents aient faite, c’était de lui avoir acheté Ardent. Après, ils l’avaient privée d’équitation…mais Maëlle n’avait qu’à attraper son vieux sac bourré de brosses, de bottes, d’un pantalon crade et moulant, d’un tee-shirt qui ne craignait rien, d’une bombe, et aller seller et enfourcher son cheval pour que le ciel redevienne bleu. Maintenant, elle ne voulait pas rentrer, pas tout de suite…alors elle avança, poussa jusqu’à l’endroit où, logiquement, elle retrouverait un autre de ces êtres chers. Elle savait à peu près où le trouver, Dee, son grand frère, ami, pilier et confident, ce dessinateur aux allures de grizzly sauvage, qui était en fait plus doux qu’un gros nounours. A cette heure ci, il devait être en train de taguer un mur avec ses jeunes partenaires, des jeunes paumés qui, aussi étrange que cela puisse paraître aux classes confortables et aisées comme la famille Seegan, trouvaient là un vrai projet. Maëlle se mit en route à travers les ruelles, et peu à peu, la foule se fit moins dense.
Jusqu’à arriver dans une rue presque vide, de rares passants, accélérant le pas. Sans jeter un seul coup d’œil au mur, et pourtant…le regard de Maëlle brilla. Cela faisait un bout de temps qu’elle n’était pas venue voir, et le travail avait avancé de façon épatante, c’était brillant, coloré, joyeux. Des personnages innocents aux sourires enfantins, d’autres plus cyniques, ironiques, de l’humour parfois dur et parfois tendre, des dizaines de mains plus ou moins habiles qui avaient coloré ce mur, et transformé un béton gris en une ouverture sur un monde magique, une fenêtre sur les rêves. Dee était là. Planté devant une image dont la dureté tranchait avec le reste, dont la noirceur tranchait et qui pourtant, était celle qui serrait le plus le cœur de Maëlle. Non pas de tristesse, mais d’une sorte de bonheur, d’expectative, une émotion intense et sans nom ni mot. Cette image d’un homme, une femme, enfermé, bloqué, une bête à l’attache, un chien à la chaîne, au sol jonché des bourreaux modernes, pilules, seringues, des marques de souffrance dans ses yeux et sur le plancher gris, du sang…mais ce formidable message d’espoir. Je ne suis pas fou…écrit et réécrit, et encore écrit. En observant l’image, Maëlle se prit à penser à une des scènes du cinéma qui l’impressionnait le plus, qui la faisait encore frissonner, et Dieu sait si elle l’avait vue. Le Cercle des Poètes Disparus, le départ du professeur Keating…et un élève qui, bravant l’interdit et les conventions, escalade la table pour prouver sa fidélité, son amour à son professeur renvoyé, pour lui signifier sans un mot qu’il ne sera pas oublié, et qu’il a allumé dans le cœur de ces élèves un feu sans fin. Un brasier, et comme un incendie qui s’étend, un autre élève qui monte sur sa table en s’écriant « Oh Captain, my Captain », comme un cri de ralliement, et encore un autre, bravant l’interdit, et le professeur en titre qui s’égosille, tandis que les élèves dociles baissent les yeux sur leur livre et feignent de ne rien voir. Ne rien entendre. Mais quelqu’un a parlé, quelqu’un a montré ses convictions par un geste fort, et tous suivent, et c’est cette unité, ce message d’espoir et cette image de quelques élèves résolus à penser par eux-mêmes et à utiliser l’enseignement de Keating, unis, qui fait frissonner la jeune fille. Un a agi, et tous se sont écrié comme lui, tous ont trouvé, dans ce simple geste, l’occasion d’agir à leur tour, le courage et la force de le faire et d’ouvrir leur cœur.

Elle vint se planter à côté de Dee, et il ne réagit pas. Et d’emblée, Maëlle sentit que quelque chose clochait. Son ami n’était pas forcément un grand exubérant, mais là, il était rivé dans la contemplation de la fresque avec une sorte de nostalgie. Non, de tristesse…une tension, en tous cas, une tension qui planait sur la rue et émanait de Dee. Maëlle gratta les oreilles de Fortress, laissant Dee prendre la parole le premier, et alors, elle lui répondit :

« Ouais, un sacré bail…mes parents ont prétendu m’interdire de sortir ces derniers temps, et j’ai juste réussi à me faufiler pour aller monter à cheval. J’en reviens là. Ils vont m’enguirlander, c’est évident, et en soi ce sera pas volé, vu que je leur ai désobéi, mais de passer une journée avec Ardent, ça vaut bien une engueulade. Tu l’aurais vu, mon cheval. On a fait du dressage, et il a commencé par faire le couillon, on a rigolé un peu, puis il s’est reconcentré et là…il dansait. Léger, volontaire, fluide…j’aime cette bête. Lui au moins il s’exprime, rien à voir avec les chevaux des autres qui sont brimés et brisés à force d’être « tenus entre les jambes et les rênes ». Quoi de neuf, depuis, Dee ? Ca a pas l’air d’aller…qu’est ce qu’il y a ? »

Elle eut un regard inquiet sur son Dee chéri. Non, quelque chose clochait, décidément, et la perturbait. Elle reporta son attention sur la fresque, mais l’impression ne diminua pas alors, pour alléger la tension, elle reprit la parole :

« Ca fait aussi un bail que j’étais pas venue ici. Ca a drôlement bien avancé, c’est super…c’est bien qu’un homme d’affaire soutienne ce genre de projet, non seulement ça rend la rue vivante, mais ça force les gens à s’arrêter et quand les gens s’arrêtent et regardent, ils se parlent. Ils ne sont plus des zombies qui avancent…et puis même sans ça, c’est superbe. Les couleurs, la lumière…on a l’impression que le soleil s’est levé sur la rue. »

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Demetrius « Dee » Dashawn

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MessageSujet: Re: PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜   PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜ Icon_minitimeMar 1 Mai - 20:42


Avec cette discrétion qui était la sienne, Maëlle vient se planter à côté de Dee, tirant derrière elle son gros sac d’équitation. Le regard émeraude du grand barbu se détacha à peine du mur, se posant une fraction de secondes sur les iris de la jeune fille, notant l’inquiétude dans ceux-ci. Elle répondit d’une voix calme à son salut, puis annonça que ses parents adoptifs l’avaient punie de sortie. Ils faisaient partie de ces gens que ses jeunes tentaient de fuir en dessinant sur ce mur, de ces geôliers inconscients qui détruisaient des espoirs et des chances en voulant dessiner le monde sur une même ligne. Dans un même style. Tout l’inverse du mur, sur lequel s’étalaient des personnages de comics à côté d’animaux éventrés d’un réalisme effarants, superposés sur une sirène zombie amusante. C’était leur façon à eux de défier les sentinelles, de se moquer de leur autorité, de leur faire comprendre que la seule façon de se faire autant de bien à leurs enfants qu’ils le voulaient, c’était de les aiguiller sur la bonne voie, sans jamais se dresser devant eux, en restant toujours en arrière, près à les réceptionner et à panser leurs blessures en cas de chute. De mémoire d’homme, Dee n’avait jamais entendu Maëlle dire que ses parents l’avaient déjà fait. Elle embraya ensuite en parlant de son cheval, son adorable cheval, le fameux Ardent dont elle lui parlait si souvent. Une fois, alors qu’elle lui avait annoncé participer à un spectacle, il avait acheté quelques semaines plus tôt sa place, puis avait tu cet acte jusqu’au grand soir, et avait pris place dans le fond de la salle. Il l’avait regardée, avait admiré les allures du cheval, avait sorti son carnet et dérangé ses voisins bien propres sur eux peu ravis de voir ce gros barbu avec ses cheveux salis par les dreadlocks et ses fusains qui lui noircissaient les mains. Il avait fait quelques croquis des allures presque dansées d’Ardent, puis, lorsqu’elle était sortie de scène, s’était levé et avait affirmé être son grand frère pour pouvoir accéder aux écuries. Là, il lui avait tapé sur l’épaule, avec un léger « surprise, petite sœur », et il avait été ravi de voir la joie qui brillait dans ses yeux. Il l’avait regardée panser son cheval en discutant avec elle, il avait noté l’absence des Seegan et elle avait tout simplement haussé les épaules en soulignant que sa présence à lui était autrement plus importante. Il avait été touché, et lorsqu’il l’avait revue, lui avait offert une toile longuement travaillée d’Ardent et sa cavalière dansant sur la piste de sable. Ses paroles éveillèrent un écho en lui, et il hocha la tête. Il comprenait ce qu’elle voulait dire, il avait conscience du lien fusionnel mêlé entre la jeune fille et son cheval, cette relation unique qui donnait aux deux de la lumière dans les yeux. C’était ce qui manquait aux autres cavaliers, ce respect mutuel, cette expression de leurs caractères communs qui faisaient qu’ils formaient un duo, et qu’on parlait d’Ardent et Maëlle, et non pas de Maëlle et son cheval, ni d’Ardent et de sa cavalière. C’était la même que celle qu’il entretenait avec Loki et Fenrir. Ca avait commencé par apprendre à se connaître tous les trois, à s’accepter, à faire fi de leurs espèces différentes pour acquérir cette confiance respectueuse et mutuelle qui faisait que Dee pouvait se promener avec Loki évoluant librement sur son épaule et sans tenir Fenrir en laisse. Il hocha donc légèrement la tête, reportant son regard sur Maëlle, oubliant presque ce qui allait advenir de sa fresque. Toutefois, visiblement inquiète, elle le relança sur le sujet, et après un léger silence, il répondit.

« Ouais. »

Ce qu’elle disait était plus que sensé : c’était réaliste. Elle avait compris l’essence fondamentale du projet. C’était à la fois la question de de s’offrir une clé de sortie à la cellule, de garder un exutoire, une porte pour se rappeler qu’ils n’étaient pas fous, et le défi de faire relever les yeux des passants, de leur offrir la possibilité de croiser le regard de celui d’en face, de pouvoir parler de quelque chose, ne serait-ce que pour critiquer. Lorsqu’il avait commencé à fréquenter la scène metal de sa ville, Demetrius avait découvert cette ouverture d’esprit. Un beau jour qu’il avait été acheter du pain, un tee-shirt Iron Maiden porté avec fierté et ses cheveux longs flottant au vent, il avait été surpris de voir que le boulanger chauve qui le servait avait eut un rire amusé à la vue du tee-shirt et ils s’étaient lancé dans une joyeuse conversation sur les groupes, l’homme affirmant les avoir vu en concert à leurs débuts. Ravi de cette facilité à communiquer, il avait plusieurs fois abordé des gens dans la rue en notant un symbole, un tee-shirt, quelque chose qui lui parlait. Il avait fréquenté les festivals de metal et avait tutoyé tout le monde, se fichant bien de savoir s’ils avaient dix ans de plus ou de moins que lui. Il avait acheté du matériel chez un magasin de musique et avait parlé de longues heures avec le vendeur. De musique, de leurs passés, de cadeaux aussi, puisque tout comme le boulanger, il lui avait offert un petit article. Quelque chose de pas cher, quelques chouquettes, une paire de batterie, mais quelque chose qu’on dégustait avec plaisir, quelque chose avec quoi il jouait toujours. C’était ça, l’univers metal. Des bastons, des engueulades, des pogos violents dans les concerts, mais des festivals bon enfant et qui n’avait jamais eut d’accidents. Jamais de mort au Hellfest ni de mouvement de foule. Avec les jeunes de Bodom, certains étant fermement rappeurs, d’autres exécrant la musique, il avait pourtant réussi à recréer cet univers. Pas de chef entre eux, si l’un proposait de se voir tel jour, on se voyait tel jour. Peu importe que ce soit Dee ou non. On faisait ce qu’on voulait. On retouchait les dessins les uns des autres, après avoir demandé l’autorisation. Des fois, c’était non, alors on haussait les épaules sans faire d’histoire, on faisait un sourire, puis on repartait à notre œuvre. C’était un exutoire. Pas un cours, un exutoire. La possibilité d’apprendre à se connaître, et de réaliser que l’art, plus que d’être un merveilleux moyen de communication, est avant tout un état d’esprit. Il ne fallait pas forcément être dessinateur pour comprendre le mur. C’était un message ouvert à tous. Lorsqu’ils travaillaient, tous ensembles, au début, les gens passaient, surpris, mécontents de ce dérangement et de ces tags. Puis ils s’étaient habitués, avaient vu les dessins naître sous leurs yeux, et les graffitis étaient devenus à leurs yeux une fresque. Beaucoup ralentissaient, jetaient un coup d’œil, leur faisaient un sourire encourageant quand ils travaillaient. Certains avaient même poussé jusqu’à venir les féliciter, voir même les conseiller, demander une bombe juste pour une fois et poser leur signature. Comme disait Maëlle, c’était un soleil levant au beau milieu du béton. Il s’avança vers le dit soleil, et posa ses doigts dessus, l’effleura, au risque de se brûler.

« Je t’avais dit que Knutas avait eut un accident de parapente. Il s’est suicidé. Maintenant c’est Anders qui gère. »

Il caressa la camisole de force, relisant le message écrit au dessus.

« Il va le repeindre. Il dit que ça nuit à sa société. »

Il avait dit ça avec nostalgie, triste de voir cette œuvre perdue. Triste de voir l’engagement humain qu’elle représentait s’effondrait. Triste qu’une des étapes les plus importantes de sa vie soit aussi bêtement oubliées surtout.

« J’espère que plus tard les gars s’en souviendront comme je me souviens de ce mec chauve et de ses chouquettes. J’espère qu’ils n’oublieront pas nos heures de travail ensemble, nos rires, nos plaisanteries, notre soutien quand l’un de nous allait mal. J’espère qu’ils se souviendront de ces gens qui venaient nous voir des fois, pour nous dire que c’était original, un peu spécial, pas tellement beau, mais tellement vivant qu’ils l’appréciaient. Il faut qu’ils se souviennent, tu comprends, Maëlle ? C’est important qu’ils se rappellent que l’être humain n’est pas tellement pourri au fond, mais que la société l’a définitivement abîmé. Ils l’ont vu, tu sais, au début ils étaient méfiants, ça a été dur, il a fallu s’accrocher. Mais finalement on a réussi. On s’est améliorés, on a grandi ensemble, on s’est amusés, ils ont appris à faire confiance à la race humaine, mais à se souvenir qu’elle peut être traîtresse. Il ne faut pas qu’ils perdent ça, cette confiance mutuelle, ce respect, cet engagement à la philanthropie qu’on a jamais réellement signé. J’aurais aimé pouvoir finir la fresque avant de la perdre, j’aurais aimé la voir complète, resplendissante de couleurs, aussi belle qu’on l’avait imaginée. C’est dommage, ça ne verra jamais le jour. Ca ne vaut même pas le coup qu’on recommence sur un autre mur, qu’on reparte de zéro, parce que c’était aussi les conditions qui faisaient qu’on y mettait tant de cœur. La gentillesse de Knutas, ce défi à Innozenz, cette sensation intense et jouissive de faire quelque chose de politiquement incorrect et de légalement totalement autorisé. C’était un véritable bonheur de narguer les passants, puis de les voir abdiquer, les regarder laisser l’admiration et la curiosité prendre le pas sur leurs problèmes, leurs situations sociales, leurs jardins secrets. L’art, c’est ça, Maëlle, et plus encore le tag : c’est ouvrir son âme aux gens, en leur laissant comprendre ce qu’ils veulent, en leur donnant la possibilité de réfléchir, en faisant quelque chose de déplacé pour déplacer des consciences. L’art, c’est ce qu’on a fait ici pendant des semaines.

Ce doit être l’une des plus belles expériences que j’ai vécues. »


Il se tut enfin. Il avait parlé sur son habituel ton calme, avec cette fois cette note vibrante de passion, de gravité aussi. C’était rare que Dee parle autant ; c’était encore plus rare qu’il le fasse avec tant d’émotion.
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Maelle Seegan

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Maelle Seegan





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MessageSujet: Re: PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜   PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜ Icon_minitimeMar 8 Mai - 13:32


Elle supposait qu’ils ne voyaient pas à mal, pas du tout, ses parents adoptifs. Elle supposait qu’ils voulaient juste l’aider, la sauver de cette espèce de spirale qu’elle ne voulait pas reconnaître, mais ils croyaient juste de passer par la coercition, quand elle voulait respirer, avait besoin de respirer, de se confronter à elle-même pour se pardonner la mort de son amie d’antan, de se regarder en face et sans aucune concession. Eux voyaient en son attitude une révolte, et croyaient qu’en serrant la vis ils lui rendaient service. Un psychologue, encore un de ces charlatans prétendument « spécialisés en enfants à haut potentiel », le terme politiquement correct pour dire surdoué, et vers lesquels les Seegan s’aiguillaient sans cesse au moindre pet de travers depuis qu’ils connaissaient le QI de leur fille adoptive, un psychologue leur avait parlé de révolte, de besoin de limites. Le discours idéal pour un parent, pour le déculpabiliser quand il s’agissait de priver Maëlle de cheval, de dessin, de sortie. La chose à faire pour qu’elle ne leur parle jamais de Dee. Assis sur leurs préjugés, ils craignaient trop pour elle et nul doute que son cher croisé de punk, de métalleux, de dessinateur, d’un peu tout, se verrait catalogué comme « dangereux » dans la foulée. Hors de question qu’elle les laisse pénétrer dans ses bulles d’oxygènes, elle n’était pas suicidaire, non plus !
En attendant, ça lui faisait un bien fou de pouvoir monter sur Ardent, de le sentir lui fouiller dans le cou, de le grattouiller et de se comporter comme n’importe quelle gamine avec son cheval, avec affection, et respect. Elle ne le traita pas comme un animal mignon, avec mignardises et caresses. Ardent avait eu son lot de réprimandes et de baffes quand il s’était mal conduit, mais il était son compagnon, son ami. Il la respectait, elle le respectait comme un être vivant, elle ne roucoulait pas après lui et ses gestes d’affection étaient ceux qu’elle offrirait à un ami. C’était un ami, pas un compagnon bien pratique et bien mignon. Et le club…les gens l’y agaçaient, à l’exception peut-être de la directrice. C’était une femme éduquée, très cultivée, mais qui avait décidé d’ouvrir un club. Elle le gérait comme une affaire, ce qui faisait hurler certaines gamines qui trouvaient absurde qu’on vende un cheval, ou qu’on en prenne en dépôt-vente. Mais Maëlle comprenait. La directrice pouvait s’autoriser le sentiment en selle, quand elle dressait un cheval, mais elle vivait de son affaire, elle avait besoin d’argent, et quelquefois cela passait par un pragmatisme normal. Il fallait vendre les chevaux en dépôt-vente pour gagner de l’argent, il fallait vendre les poulains dressés pour vivre, il fallait faire travailler les chevaux de club et accepter de laisser partir certains chez des particuliers au lieu de les entretenir, quand ils ne pouvaient pas ou plus gérer une carrière de cheval de club. Quand un cheval était trop nerveux, du fait du nombre de cavaliers, elle s’arrangeait pour le caser avec un seul cavalier, qu’il aille mieux. Et quand un cheval était dangereux, créait des dégâts matériels comme cette pouliche affreusement laide, osseuse, boitant tous les deux jours et démolissant les clôtures des prés, en frappant quiconque l’approchait, il restait la solution qui faisait hurler ceux qui avaient les moyens. L’abattoir, ça choquait grandement ceux qui ne devaient pas chaque jour gérer rentrées et sorties d’argent…mais à quoi bon entretenir un cheval qui coûtait cher et ne rapporterait rien ? Maëlle comprenait le raisonnement…et ça ne l’empêchait pas d’être mordue de chevaux !
Mais elle aimait bien la directrice pour cette façon que la femme avait d’assurer ce que ce pragmatisme financier avait de cruel, parfois. Elle ne se défendait pas, ne disait pas « elle n’aurait rien eu de bon dans sa vie », ne disait pas « ce n’est qu’un cheval » comme si en qualifiant l’animal d’objet on se dédouanait de son malaise. Elle admettait, elle hochait al tête et disait « oui, c’est injuste, c’est dur, c’est triste et égoïste mais j’ai cent cinquante autres chevaux à nourrir, et mes enfants à nourrir aussi. C’est pas bien d’envoyer un être vivant à la mort…mais j’ai des priorités, et les priorités matérielles, ça passe sur les principes. » . Et Maëlle approuvait…c’était bien beau de dire « je préfère crever la gueule ouverte plutôt que de transiger à mes principes ». Bien beau…mais aux yeux de la jeune fille, c’était surtout lâche. Une façon de ne pas se confronter à ce qui était dur à ses propres yeux. Choisir de mourir de faim pour entretenir un cheval incapable de rapporter de l’argent, c’était ne pas s’imposer le choix de l’envoyer à l’abattoir, le choix difficile. C’était bien lâche…

Dee avait enchaîné sur l’œuvre qu’ils avaient sous les yeux et, dans le cas du grand-frère, sous les doigts. Ce mélange hétéroclite et charmant d’univers, de personnages, et d’histoires. Maëlle aurait aimé les interroger un à un, pour savoir ce que ces personnages signifiaient pour eux, représentaient, leur nom, leur histoire. Car, elle le savait, tout personnage dessiné avait un nom et une histoire, qui venaient seuls si on dessinait assez le personnage. Comme en écrivant, un personnage se voyait doté d’un tempérament et d’une histoire de plus en plus complexes, à des lieues du cliché initial. Un personnage existait en étant écrit, en étant manipulé comme une marionnette et à force d’être manipulé, apprenait à agir de son propre chef et acquérait une ligne de conduite, immuables. On ne changeait pas un caractère de personnage sans le même travail sur lui que celui, ardu, qu’il faut faire sur soi. Quand on écrit, il reste à composer avec et à confronter le personnage à des évènements qui le pousseront à réfléchir…tout reprendre à zéro étant impensable.
Maëlle approuva et murmura en observant :

« C’était quand même un projet, fait par quelqu’un qu’ils n’auraient jamais cru voir se pencher sur eux, un industriel, un gars éduqué et qui avait « réussi ». C’était un message d’espoir, finalement. J’espère qu’ils se souviendront, plus que de cet associé qui a voulu arrêter la fresque, du gars qui leur a donné la chance de la commencer. Du gars qui était au haut niveau de la société et qui a su se rappeler qu’il y avait un monde en-dessous, avec des gens tout aussi capables, juste qui avaient pas les mêmes qualités, pas eu les bonnes circonstances pour se servir des leurs, et pas pu tirer leur épingle du jeu. Mais capables. J’espère qu’ils oublieront pas qu’un gars comme lui, ça a existé. Donc, ça existe ailleurs. »


Elle soupira et leva les yeux vers Dee :

« Tu sais quoi ? J’espère qu’ils comprendront que, puisqu’il existe des gens comme ça, ça vaut le coup. Ca vaut le coup de se coltiner le monde, de sortir tous les jours dans le tumulte, de se taper la foule et la bagarre, tout ça, les cons et les emmerdeurs, les enfoirés et ceux qui prennent plaisir à t’appuyer sur la tête, les indifférents, tout ça pour dénicher des gars comme Knutas.
C’est ça qui fait qu’on continue à avancer, quand on est pas vraiment bien dans sa société et ses baskets. C’est de savoir qu’il y a des gens géniaux planqués au milieu de la masse sans visage, de savoir qu’ils existent et que, si on renonce et qu’on va se planquer, ce qui serait tellement plus facile, on se condamne à une vie fade. Sans problème, mais sans ces gens qui font que le monde gagne en couleur pour leur entourage. Ceux qu’on ne croisera jamais si on reste sur son lit le matin, enfermé.
S’il n’y avait pas des gens comme toi, ou même la directrice du club où est Ardent, c’est une sacrée femme elle, je t’ai jamais parlé d’elle ? En tous cas, si il y avait pas ça, ou deux ou trois fois des super bons profs qui, vraiment, ont compris que je me faisais gravement chier en cours à devoir attendre tous ces crétins congénitaux incapables d’avancer, mous, et qui ne cessent de me freiner, des gars comme Knutas pour croire en tout le monde et vouloir juste aider, si tout ce petit monde là n’existait pas, je n’aurais aucune raison d’aller me coltiner ce grand foutage de gueule qu’est le monde. »

Elle acheva :

« Et puis, même sans ça, ce qui est bien c’est que s’ils gardent foi en l’humain, ils peuvent garder foi en une société idéale...et s’ils ne perdent pas espoir, s’ils n’oublient pas ça, peut-être qu’ils continueront à se battre pour trouver une place dans la société actuelle. Et quand on en fait partie, c’est là qu’on peut changer les choses. C’est trop facile d’aller s’asseoir à l’écart, de regarder passer les gens et critiquer. Si on veut les faire changer de direction, faut aller au milieu d’eux, comprendre pourquoi ils avancent tous dans ce sens là et là, leur expliquer pourquoi on pense que l’autre direction est meilleure, et les secouer, les faire se bouger.
T’as vu le film le Cercle des Poètes Disparus, Dee ? Il suffit qu’un gars se lève pour que tous ceux qui récriminaient en silence en caressant l’idée d’agir se lèvent aussi. Et même si certains autres ne bronchent pas, plusieurs personnes qui suivent le même truc, ça les met assez mal à l’aise pour que les autres, ils y repensent… »

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MessageSujet: Re: PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜   PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜ Icon_minitimeMer 9 Mai - 15:49

Dee ne put s’empêcher de tiquer. Maëlle avait reprit la parole, et une phrase parmi d’autre avait chatouillé son attention. « Je me faisais gravement chier en cours à devoir attendre tous ces crétins congénitaux incapables d’avancer, mous, et qui ne cessent de me freiner. » Il caressa doucement la fresque, réfléchissant en lui-même tout en l’écoutant continuer. Il se demandait des fois comment ça pouvait être possible d’être aussi délicieuse que Maëlle tout en étant aussi arrogante. Il savait qu’il n’était pas un modèle, loin de là ; il était le mec qui se pointait chez opticien et lui faisait sortir les cinq cent montures avant de conclure joyeusement qu’il n’avait pas une tête à lunettes et de se barrer, il était le type qui poussait les filles en talons hauts pour qu’elles tombent, il était l’abruti qui tapait sur l’épaule d’un journaliste en direct puis se barrait en rigolant, il était le salaud qui allait voir la mariée pour lui dire qu’elle était grosse. Mais il était aussi le mec qui remerciait l’opticien, le type qui aidait les filles à se relever en riant, l’abruti qui souriait quand il voyait le journaliste à la télé, le salaud qui rassurait la mariée en lui disant que ses formes rondes lui donnaient un charme certain. Maëlle, elle n’était pas de celle que l’on remarquait par son excentricité ; c’était un détail que l’on devinait peu à peu, qui s’imposait au fur et à mesure qu’on la connaissait. Et contrairement à lui, elle ne tentait aucunement de se racheter. Lorsqu’on la bousculait dans la rue, qu’elle soit fautive ou non, elle mettait ses mains comme une barrière protectrice et insultait copieusement le malheureux, sans chercher à se remettre en question. Elle s’engueulait si violemment avec ses parents qu’elle venait gratter à sa porte sans chercher à rentrer chez elle pour calmer le jeu. Il l’avait déjà entendue évoquer la clope, la baise, les joins … Oh, il aurait été mal placé pour la juger, lui qui dans sa jeunesse en avait fait de belles aussi. Des festivals de metal avec des tentes transformées en véritables fumeries, des coups avec des filles parce que, trop bourré, il avait oublié qu’il était fiancé, des jobs perdus à cause de ses conneries, des années de collège et de lycée redoublées parce qu’à trop s’en foutre des autres, on finit par s’en foutre de soi-même. A croire que c’était l’âge con, l’âge qui pousse à fuir ses responsabilités au nom de la liberté et de la fierté. Bad boys running wild. Des fois, ça lui paraissait con. Des fois, Maëlle lui paraissait conne, aussi. Mais à ces moments-là, il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle lui ressemblait, à la différence qu’elle avait une main adulte tendue vers elle, une main poilue, barbue, taillée comme une armoire à glace, mais une main suffisamment tendre pour pleurer d’émotion devant un beau solo. Ca ne tenait qu’à elle de saisir cette main et de se sortir de la merde qui souillait peu à peu son moi intérieur. Il espérait juste qu’elle n’était pas déjà trop enfoncée pour comprendre que plus tard elle relèverait la gueule, plus s’extraire de ses propres déjections serait difficile. Il craignait des fois qu’elle continue ses conneries, qu’elle continue de s’autobouffer, mais pour rien au monde il ne serait intervenu. A moins qu’elle ne risque de se faire sauter la cervelle ou de crever d’une overdose. Ce n’était pas son rôle de prémâcher la bouffe pour des petits bourges arrogants et autodestructeurs. Encore moins pour des jeunes filles intelligentes et matures. Elle ne faisait pas partie de ces stupides gosses qui faisaient ça pour se donner un genre, ou par rébellion ; chez elle, il lui semblait que c’était davantage parce qu’elle s’en foutait. Maëlle avait beau être une perle, elle pouvait être diablement conne. Diablement arrogante. Diablement méprisante. Diablement incompréhensible. Et putain, qu’est-ce qu’il l’adorait.
Faut croire qu’au final c’était vrai cette histoire qu’il y avait une rose au bout de chaque épine.

« Ouais, je l’ai vu, y’a longtemps, je m’en souviens plus trop. Je sais bien, ouais, que peu suffit à faire bouger les consciences, mais peu ça suffit pas à les marquer à jamais. Ca, c’était notre témoignage, notre marque sur la terre, la trace de nos pas. Ca fait bizarre de voir tout ça s’envoler en fumée. Même s’ils gardent le souvenir, tout ça. C’était notre petit monde, c’est comme si on l’avait mis à feu et à sang, c’est comme si on saignait ses habitants, dans ma tête j’ai l’impression d’entendre les dessins hurler d’épouvante à l’idée qu’on les décime. Dire qu’on a bossé tellement de temps dessus. C’est incompréhensible. Il réalise même pas qu’au contraire de donner à l’entreprise l’image de je m’en foutiste, en encadrant bien ça et en le médiatisant avec ce talent qu’aurait pu avoir Knutas, il pourrait se propulser au sommet. C’est ce petit plus qui séduit les foules. Les gens aiment les sociétés branchées, qui osent. Et puis c’est joli. Et puis merde, j’ai l’impression d’un coup dans le dos, t’imagines même pas comment ça me fait chier de devoir dire au revoir à un lion que j’ai pas pu finir. »

Il était comme ça, Dee. A croire que l’idée de perdre tout ça le déprimait autant que le fait de ne jamais avoir pu finir son lion. Le roi des animaux doit être complet, n’est-ce pas ? Il finit toutefois par lâcher un soupir, pour prendre son téléphone, et appeler l’un des gars.

« Salut Ed, c’est Dee. Ouais, je sais que tu veux pas que je t’appelle quand t’es avec ta copine. Ouais ouais c’est bien, tu lui diras bonjour de ma part. On arrête le mur. … . Ouais, on arrête le mur. Il veut plus. On se retrouve demain soir pour les finir. On partira pas tant que c’est pas fini. Il manque des chaines sur la camisole de force. Appelles les. J’compte sur toi, rappelle quand t’as du neuf. Désolée pour ta copine. »

Raccrochant, il glissa de nouveau son portable dans sa poche, et regarda Maëlle calmement, se détachant du mur pour caresser son gros toutou le toutou.

« C’est triste pour ce bêta de mur n’empêche. On l’aimait bien. M’enfin. »

Il haussa les épaules, manifestant ainsi son désir de changer de sujet. A quoi bon s’éterniser là-dessus ? Ca ne changerait pas la destruction imminente d’une œuvre longue et haute de plusieurs mètres. Il enfonça ses mains dans les poches de son futal à chaines, puis la regarda. Vas-y Maëlle, trouve nous un sujet de conversation béton.
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Maelle Seegan

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Maelle Seegan





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MessageSujet: Re: PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜   PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜ Icon_minitimeSam 19 Mai - 19:13

Elle avait senti, sans en connaître la raison, une gêne du côté de Dee, mais Maëlle ne chercha pas à comprendre, et ne s’étendit pas non plus sur pourquoi elle ne voulait pas chercher. Avait-elle donc peur de la réponse, elle qui carrait les épaules et relevait le menton devant les gros bras des bas quartiers, pour ensuite filer avec la meute entière sur les talons, et aller piauler devant chez Dee, rentrer en douce chez elle ou, parfois, quémander l’aide de la police ? Craignait-elle donc de comprendre l’origine de la gêne de Dee et pire, de la trouver dans ses propres mots, son attitude, dans quelque chose qui serait si fondamentalement elle que cela en briserait sa carapace ? Elle ne voulait pas se disputer avec Dee et à cela, elle prendrait toujours garde. Mais elle ne voulait pas, sans le dire, sans le penser, se remettre en question, ou plutôt, remettre en question ce rôle qu’elle jouait. Celui qui consistait à redresser le menton et aboyer fort pour oublier qu’elle n’avait pas de crocs. Ou qu’un vieux deuil les lui avait limés…à moins qu’elle ne se les soit limés. Consciencieusement.

Elle n’avait jamais, jamais parlé à Dee de Leïla et de comment leur petite histoire sentimentale d’adolescentes s’était achevée. Il savait qu’elle avait été adoptée, il savait de quoi étaient mort ses parents, du syndrome pas d’bol, comme elle le disait, même pas par provocation, simplement car c’était loin et vieux, et qu’ils n’étaient plus que des souvenirs. Il savait que ça s’était bien passé avec les Seegan au début, il savait que ça avait dégénéré, il ne savait pas pourquoi et elle ne voulait pas prendre le risque de lui en parler. Parce qu’en parler était reconnaître qu’elle se foutait en l’air, consciencieusement et sans faire les choses à moitié, à cause d’une absente, d’un tas d’ossements dormant sous terre depuis maintenant des années, à cause d’un souvenir et d’une amourette d’adolescente, de gamine. Parce qu’en parler, c’était aussi admettre qu’elle choisissait, que ce n’était pas ainsi, c’était s’ôter la possibilité de pouvoir hausser les épaules avec fatalisme et c’était se contraindre elle-même à soulever ses œillères. Avec la vieille fêlure, et le risque que la cicatrice se rouvre, et qu’elle n’en réchappe pas. Elle, pas elle qui relevait le menton, mais elle qui lisait, qui sanglotait devant le Cercle des Poètes Disparus, elle qui ouvrait le Trône de Fer et dont le cœur battait au rythme de ceux de Jaime Lannister, de Robb Stark, de Jon Snow, de Daenerys Targaryen. Elle, qui offrait à Dee un portrait un peu maladroit du gros Fortress, avec des erreurs de débutant dans la façon de manier la peinture ou la craie, mais un portrait du chien de Dee, et pour Dee. Elle qui passait et repassait sa brosse douce sur le chanfrein d’Ardent, qui riait de le voir fermer les yeux, qui, mains de part et d’autre de sa face, le massait derrière les oreilles et finissait par appuyer son front contre le sien, en fredonnant bouche close une quelconque mélodie. Trop fragile. Beaucoup trop fragile.

C’était toujours possible de remonter la pente. Mais si difficile ! Si difficile qu’on en venait vite à se planquer dans un coin et à lâcher « ils ne peuvent pas me comprendre », plutôt que de se coltiner le monde, et malgré son beau discours, un discours venant du cœur, du sien, celui sous le bouclier, de tout à l’heure, Maëlle ne voulait pas se coltiner le monde, prendre ce risque, et se fatiguer à ça. Plus facile de lever les mains en barrière, et d’agresser la première. Plus facile et toujours valable, et qu’importaient la solitude, les regards en coin, les journées passées à bout de nerfs, face au reste ? A la satisfaction, au confort de sa position destructrice ? Qui la protégeait du deuil de Leïla ? Elle se connaissait assez pour savoir que ça clochait, elle ne l’admettrait jamais. Ni devant autrui, ni devant elle-même, jamais, car se remettre en question, c’était se rendre vulnérable au reste. Et car c’était plus difficile.

En attendant, Dee avait achevé son coup de téléphone et enfoui ses mains dans ses poches dans un grand cliquetis de chaînes. Maëlle sourit. Dee, sa quincaillerie ambulante, achetez quelque chose, incassable, cassé ! Et puisqu’il n’en plaçait pas une, elle regarda un peu ce grand rigolo de lion dessiné par son ami, puis, un nouveau sujet de discussion s’imposa de lui-même : potins, ragots, certes, mais avant tout nouvelles ! Maëlle, à son tour, enfonça ses mains dans ses poches, pour les occuper et s’épargner ainsi la peine de jouer avec une clope qui, au vu de sa légendaire adresse, finirait alors sa vie dans le caniveau. Triste, triste vie des clopes.

« Tiens, tu sais pas ce que mon prof d’histoire a inventé ? Celui qui nous fait de la psychologie en cours d’histoire ? Et soit dit en passant, il n’a pas tort, ce sont les hommes et leurs complexes, leurs rêves qui font l’Histoire…Bref, il a décidé que ce serait une bonne idée de faire un atelier sur la montée du totalitarisme en Allemagne, après la crise de 39, tu te souviens ? …Fin, je sais que t’étais pas né, hein ! Et donc, il veut faire un atelier, sur le temps de midi, certains joueront les membres du parti, d’autres la populace, et puis on choisira un leader et il veut nous montrer comment on peut amener des gens, à des lieues d’une idéologie, à suivre cette idéologie par la démagogie, en flattant leurs instincts et intérêts, en les excitant contre une cible, en surfant sur leurs peurs…j’en passe, mais ça se voit dans n’importe quel discours de parti populiste d’aujourd’hui, ça. Il nous a demandé notre avis…franchement, ça m’intéresse du point de vue technique, mais après, j’ai quand même peur que ça dégénère. Parce que justement, ces techniques là, elles sont efficaces et c’est connu. Et est-ce qu’un prof, seul, même lui, saura garder le contrôle de son atelier et le garder, ben, limité à la pause déjeuner sans le laisser s’étendre à tout le lycée…je sais pas ? »

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MessageSujet: Re: PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜   PV ✖ ❛it's your world, but it's my street❜ Icon_minitimeLun 28 Mai - 10:04

Maëlle eut la bonne idée de changer de sujet, embrayant sur les ragots de son collège, détournant les idées de Dee de sa peinture inachevée. Un prof d’histoire, qui avait une idée de jeu de rôle pour leur faire comprendre la vie des allemands de la guerre mondiale. Intéressant, surtout ici, dans le pays que certains états considéraient encore comme les ruines du troisième reich. Les jeunes en avaient marre qu’on leur rabâche ça sans cesse, qu’on leur bourre le crâne à l’idée que leur patrie était responsable d’un génocide immense, et souvent les cours d’histoire qui parlaient de ça était méprisés par ces adolescents irrités d’être mis dans le même sac qu’un dictateur qui pour eux appartenait au passé. Comme le souligna Maëlle, elle craignait que cela ne vire au vinaigre. En vrai, soit ce projet marchait à la perfection, comme sur des roulettes, et les jeunes en ressortaient grandis en ayant appris quelque chose, soit tout foirait et il serait avorté aussi vite que possible par une éducation nationale paniquant. Toutefois, ça pouvait être intéressant à voir. Il attendait de savoir comment ça virerait avant de se décider sur la question de s’il s’en foutait ou pas.

« Si je me souviens ? Un peu que je me souviens, c’était la crise de la cinquantaine, quand je faisais du sport pour perdre du poids, que je draguais tout ce qui bougeais, que j’achetais des tractions à la future Gestapo ! »

Il lui fit un sourire, puis repris.

« Si ça te tente, ce projet, alors c’est cool. Perso si y’avait eut ça dans mon bahut, je sais même pas si j’aurais été, j’pense que j’aurais haussé les épaules et que j’y aurais été une fois ou deux, un truc comme ça, histoire de voir. Tu me raconteras si ça vire au merdouillage ou pas. Et puis si quelqu’un t’embête à cause de ce projet je mets un collier à piques à Fenrir et c’est torché. »

Façon plus ou moins explicite de Dee de dire que le premier qui touchait à sa pupille verrait un grand barbu lui taper sur l’épaule d’un air pas content, accompagné par un gros toutou piquant et furieux. Quelques fois, des gens avaient cherché des crasses à la jeune fille et s’étaient retrouvés nez à nez avec le metalleux, qui leur avait gentiment expliqué que s’ils recommençaient à l’emmerder, il serait contraint d’intervenir. Toutes ces fois, ils s’étaient poliment calmés, et Maëlle avait engueulé Dee d’avoir mis le nez dans ses affaires, avant de le remercier chaudement de s’occuper d’elle comme un grand frère. Il avait insisté, une fois, pour qu’elle mette son numéro de portable en numéro d’urgence, au cas où il lui arriverait quelque chose, et depuis il gardait en permanence son portable en mode normal, peu importait qu’il soit au cinéma ou en plein concert, il voulait toujours être joignable pour sa paumée de petite soeur. Gratouillant le crâne de Fenrir, il se saisit de Loki pour le coller sur les épaules de la jeune fille, le furet couinant gentiment en guise de bonjour.

« En tout cas le projet de ton prof a deux issues, comme en probabilité ! Soit l’évènement A : « tout se passe bien c’est génial », soit l’évènement B : « tout foire c’est la cata ». C’est qui le prof, Wenger là, le type chauve qui se pointe avec des tee-shirts des Ramones ? Si c’est lui t’as mon autorisation parentale pour y aller, c’est un brave type, il aime bien la bonne musique. Et puis te connaissant tu seras pas dans le groupe nazi. Je refuse de te voir le crâne rasé, avec des rangers, un blazer, les bretelles et le jean. A la limite en punk je veux bien, c’est plus mignon les punks. En metalleuse tu serais mignonne ! Par contre en emo j’aimerai pas, j’ai eut quelques problèmes avec une emo, faut jamais sortir avec un emo ! En rockeuse aussi tu serais cool. A la limite reste comme ça t’es mignonne. Fin bref, éclates toi à ce truc, mais deviens pas une skin toute rasée, c’est moche les filles rasées. »

Ayant fini de déblatérer ses conneries, il se posa de nouveau contre le mur, sortant son paquet de cigarettes et un briquet, s’en allumant une, avant de tendre gentiment clope et feu à Maëlle. T’en veux une poulette ?
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