Très intelligent ♦ Pensif ♦ Méfiant ♦ Bourru ♦ Taiseux ♦ Observateur ♦ Galvaniseur ♦ Rusé ♦ Habile ♦ Menteur ♦ Sans scrupules ♦ Séducteur ♦ Prédateur ♦ Colérique ♦ Violent ♦ Blessant ♦ Froid ♦ Orgueilleux ♦ Dépravé ♦ Faible ♦ Fragile ♦ Influençable ♦ Morbide ♦ Torturé ♦ Méprisant ♦ Sans loyauté ♦ Bercé par ses propres illusions ♦ Sauvage ♦ Protecteur ♦ Cynique ♦ Malsain ♦ Ambitieux ♦ Joueur ♦ Tête-brûlée ♦ Doux ♦ En manque d’affection ♦ Seul ♦ Aveuglé par ses sentiments, sa douleur ♦ Brasse continuellement du noir.

De base, Detlev est très intelligent. Un peu plus que la moyenne, ce qui d’ailleurs le dérange fort. Le garçon aurait préféré être stupide, peu lucide, et pouvoir vivre un peu n’importe comment. Un peu plus normalement. Mais on ne lui a pas laissé le choix de cette illusion. Alors, pour essayer de contrecarrer cela, le jeune homme reste bourru, silencieux. Il ne parle pas beaucoup, ne dit pratiquement rien, ne fait qu’écouter. Sauf qu’en cela, il ne peut s’empêcher d’observer les autres, de les analyser, de noter le moindre détail sur eux. Sans jamais leur avoir parlé, Detlev peut connaître certaines personnes aussi bien que si elles avaient été de son propre sang. Du fait de son mutisme aggravé, de son apparente patience et de sa décontraction, Det semble la personne idéale à qui ses amis, potes, viennent se confier. Le jeune homme connaît bon nombre de secrets, sans pour autant parler de lui. Il ne parle jamais de lui, à vrai dire. De toute façon, qu’y aurait-il eu à dire ? Pas grand-chose. Pour ne pas dire rien du tout. Son silence est aussi dû au fait que Det est extrêmement méfiant vis-à-vis des autres. Tellement méfiant que c’en devient presque sauvage. Il ne se confie jamais, ne dis jamais rien. Même à l’agonie, il resterait impassible, calme, indéchiffrable. Un côté pensif et taciturne le caractérise ; s’il ne se confie pas, et qu’il garde absolument tout pour lui, cela a de fortes conséquences intérieures. Il est constamment entrain de broyer du noir, ou presque ; en train de se faire des dommages physiques pour compenser sa douleur intérieure. Etrangement, le côté lucide de Detlev commence à perdre pied face à la douleur, aux sentiments qui le rongent lentement de l’intérieur.

De plus en plus souvent, le garçon perd pied, et brise involontairement ce sang-froid qui le caractérise pourtant entièrement ; dans ces moments, Detlev laisse ressortir cette facette violente et blessante qu’il essaye tant bien que mal de cacher, et de canaliser en se faisant du mal à lui-même. Sans le vouloir, dans ces moments-là, son côté colérique, voire prédateur, ressort lui aussi. Ce côté dont Detlev a peur. Horreur. Qui le terrorise. Mais bien sûr, il ne l’avouera jamais. Son orgueil, ses mensonges, ses illusions l’en empêcheront toujours. Un peu comme des cotons absorbant tout le sang sortant de l’hémorragie. Pour l’instant. Mais un jour, le sang fini par traverser le coton, et alors, il montre toute son ampleur. Il brise les illusions faussement solides, les mensonges malsains, qui, jusqu’alors, régissaient le monde.

Malgré ses airs froids, son impassibilité de façade, Detlev sait se montrer galvaniseur. Il sait être charismatique, attirer la foule, hypnotiser le gens. C’est un peu comme quelque chose qui est en lui, et qui mont quand il en a besoin. Et à cet instant précis, ses idéaux deviennent ceux des personnes présentent autour de lui, qu’il happe dans sa toile, telle l’araignée manipulatrice qu’il est. Le fait que Det ai une absence totale de loyauté et de scrupules aide beaucoup. Il est sans limites. Encore un côté de lui-même dont il a peur ; d’habitude, son orgueil est la barrière qui l’empêche de faire les pires conneries. Mais au fond, Detlev sait très bien qui il est. Ce qu’il est. Et même ses mensonges restent transparents, devant cette vérité-là. Il n’a aucune limite. Prêt à tout abandonner pour arriver à ses fins. Prêt à détruire le peu qu’il lui reste pour atteindre un but précis, maladif. Il le sait. Et dans ces instants là, ce côté charismatique et galvaniseur qu’il a se retourne contre lui : cette persuasion qu’il exerce sur les autres devient chez lui un côté maladivement illuminé. Et alors, il devient influençable. Faible. Une autre facette de sa personnalité se révèle alors à lui.

Ironiquement, Detlev est son seul ennemi. Et ça lui plaît. Tellement malsain qu’il sait pertinemment courir à sa perte, et y va d’autant plus vite, les yeux fermés et le sourire aux lèvres. Comme pour essayer de trébucher avant d’y arriver.

Même s'il préfère le garder pour lui et éviter de le crier sur tous les toits, le projet de Wenger l'intrigue. Enfin non, il fait bien plus que cela en fait, il l'intéresse. Detlev se sent comme attiré par ce projet, et va donc à tous les cours donnés le midi. Pour l'instant il reste silencieux sur ce sujet, et garde ses réflexions et pensées pour lui. Tout vient à point qui sait attendre, et Detlev est plus que patient. Lorsqu'on lui parle de ce projet, Detlev tique souvent à l'évocation du "tous égaux" : pour lui, les étrangers n'y ont pas leur place. C'est la seule différence qui l'empêche pour l'instant d'aller plus loin. Le jeune allemand n'a pas encore compris que pour régner, il vaut mieux diviser.

« Maman … Maman … »

L’enfant gémissait. Il tendait le bras devant lui, comme pour essayer d’attraper cette silhouette qui s’éloignait peu à peu de lui. C’était son premier souvenir. Avant ? Le trou noir. Son premier souvenir fut celui de cette sombre silhouette aux longues boucles brunes qui s’éloignait de lui sans se retourner ; sans un seul remord. Son petit cœur battait vite, fort, de manière erratique. Il sentait que si cette femme disparaissait, elle ne reviendrait jamais le chercher. Si maman disparaissait, c’était pour toujours. En prenant conscience de cette affreuse vérité, le petit garçon fondit en sanglots, hurlant sa tristesse, ne distinguant plus qu’à peine maman à travers ses larmes.

« MAMAN ! MAMAN !! »

Peur panique. Maman le laissait, elle allait l’abandonner. Maman ne reviendrait jamais, maman … Maman … Il ne pouvait pas vivre sans elle, pas sans maman … Cette vérité le frappa d’un seul coup, brisant ses sanglots l’espace d’un instant. La silhouette avait disparu au loin sans un au revoir, sans un signe. Sans rien. Il était seul, maintenant. Maman était partie.

Cette vérité le frappa d’un seul coup, brisant ses sanglots l’espace d’un instant. Vérité beaucoup trop dure pour un enfant de son âge. Vérité qui lui fit très mal, là, dans la poitrine. Maman l’avait laissé. Maman l’avait abandonné, et ne reviendrai jamais … Maman … Maman … Maman …
Il avait atrocement mal. Il avait atrocement peur. Il avait atrocement froid. Il était tout seul. Il avait cinq ans révolus, aujourd’hui. Et maman venait de l’abandonner. Douleur atroce. Tout simplement intolérable.
Le petit garçon s’évanouit.

« Allez, on se réveille mon ange ? Prend ton temps … Ca va ? »

Dis-lui que tout va bien. C’est ce qu’elle attend que tu lui dises, et ce que tu ressens vraiment. Je suis là, maintenant. T’es plus tout seul, je suis là maintenant. Je serai toujours là pour toi. Après tout, on est pareils, toi et moi, non ? Moi je suis Amadeus. Et toi, tu es Detlev. Ce sera comme ça, maintenant. Ce sera toujours comme ça. Toi et moi. Juste toi, et juste moi.

« Tout va bien ... »

La voix de Detlev n’avait été qu’un murmure encore enroué par ses sanglots datant d’à peine quelques heures. La femme qui était venue le réveiller repartie vaquer à ses occupations, s’occupant d’autres enfants dans la maison. Il avait entendu cette voix étrange dans sa tête, et avait dit ce qu’elle lui avait dit de dire. Une sensation intense de protection, de sécurité, l’avait envahi, en l’entendant ; il n’était plus tout seul, maintenant. Amadeus était là pour lui, il était là pour l’aider. La personne rien que pour lui, qui l’aiderait à se relever à chaque coup dur, qui le protégerait toute sa vie. Qui s’occupera de lui. Comme mam …

Douleur intense.

Chhh. Je m’occuperai de toi. Comme personne avant.

La douleur reflua en un instant, comme absorbée ; par quoi, ou par qui ? Detlev ne le savait pas. Il n’en avait cure. Amadeus était là et ça lui suffisait. Comme depuis toujours. Après tout, Amadeus avait toujours été là, non ? Depuis toujours. Toujours. Toujours …

« Ta maman t’aimera toujours. »

Douleur intolérable.

Non. Ne pense plus. C’est toi et moi depuis toujours, ça l’a toujours été, mon Detlev.
Detlev se rendormit. Serein. Amadeus se colla contre l’enfant et le serra fort contre lui. Comme un bouclier. Pareil à une protection.

Depuis toujours …

« Ama, c’est qui cette femme ? Je rêve d’elle tout le temps, en ce moment … »

C’est personne. Oublie-la.

« Mais je ne peux pas oublier, je m’en souviens ! Et quand bien même, je ne le veux pas. J, je .. J’ai l’impression que c’est important. Trop vague pour que je le saisisse vraiment, mais tout de même assez présent pour que je le sentes … J’ai besoin de savoir. »

Non. Tu ne saura pas. Obéis-moi, Detlev.

Detlev darda son regard dans celui d’Amadeus, à quelques millimètres à peine de son propre visage. Son cœur s’accéléra. C’était la première fois qu’il tenait vraiment tête à Amadeus … Son double … Son jumeau de cœur rien qu’à lui … Detlev n’arrivait toujours pas à s’habituer au fait qu’il était le seul à voir Amadeus. C’était ce dernier qui n’avait cessé de rabâcher qu’il était le seul à le voir car les autres n’étaient pas assez observateurs pour. Mais Detlev commençait à se dire qu’Ama était étouffant … Et que justement, il le voyait parce qu’il était trop observateur pour ne pas le voir. Et que cela lui faisait plus de mal que de b …

Ne penses pas des choses que tu pourrais regretter, Detlev. Tu m’appartiens, ne l’oublie pas. C’est grâce à moi, entièrement grâce à moi que tu en es où tu es aujourd’hui. Je t’ai sorti de ta boue, je t’ai lavé, je me suis occupé de toi … Tu dois m’obéir. Oublie-la. Ne pense plus à cette femme. C’est inutile.

Detlev tressaillit. Et baissa les yeux. Il ne pouvait désobéir à Ama, après tout. C’était impossible … Mais il avait tant envie de savoir, de … de … Ses yeux s’écarquillèrent.
Maman.

Cette femme était maman. Sa maman. Sa maman rien qu’à lui. Mais elle était où, maman ?

ARRÊTE. OUBLIE-LA.

Detlev se recroquevilla sur lui-même, et ferma fort les yeux. Il ne devait pas l’oublier, il ne pouvait pas l’oublier ; Ce sourire rassurant, ces yeux doux et tendres, cette … Cette peau si douce, cette odeur si rassurante … Ces boucles brunes chatoyantes, si belles, si fines … maman … Sa maman, sa maman rien qu’à lui. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues, sans qu’il puisse l’arrêter. Son cœur battait la chamade, ratant quelques battements, s’emballait et s’affolait de plus en plus ; maman. Sa maman. Sa maman rien qu’à lui. Une vague déferlante d’amour le submergea, l’anesthésia quelques temps. L’emprise d’Ama commençait à disparaître, à …

DETLEV !

La vague d’amour se brisa en un instant. Remplacée par une vague de douleur. Remplacée par des larmes, des yeux embués affolés, qui voyaient partir au loin une silhouette de femme qui .. Qui …

Qui t’abandonne. Je te l’avais dis, Detlev, ne cherche pas trop loin, ce que tu risques de trouver ne sera pas à ton goût. Mais tu as décidé de faire autrement, de n’en faire qu’à ta tête, une fois encore. Cela fait quelques temps que je te vois essayer vainement de t’éloigner de moi … mais pourquoi tu fais ça ? Je t’aime, moi. Je suis le seul qui t’aime et qui tiens à toi. Même maman t’as abandonné ! Elle t’as abandonné dans ce putain d’orphelinat en ruines dans un bas quartier de Londres et elle est repartie. Tu sais quoi ? Elle en avait rien à faire de toi. Elle avait un amant, ta maman, et elle en avait absolument rien à faire de toi. Tu le sais, tout ça, c’est juste que t’étais trop petit pour le comprendre … Après tout … Ta maman elle en a jamais rien eu à foutre de toi. T’étais rien qu’une erreur, elle a jamais voulu de toi. A ton avis, pourquoi t’as pas non plus de papa ? Parce que ton papa, il s’est barré quand il a appris ta naissance. Tu sais comment je le sais ? Parce que c’est ce que ta maman n’arrêtait pas de te murmurer à l’oreille, le soir … Que tu avais gâché sa vie … Qu’elle ne t’avais jamais voulu … Que tu es une erreur de la nature, Detlev … Et au bout de cinq ans, elle a fini par t’abandonner comme un déchet. Elle ne voulait plus de toi, Detlev, elle n’a jamais voulu de toi.

« TAIS-TOI ! TAIS-TOI ! C’EST PAS VRAI, MAMAN ELLE M’AIME ! ELLE AURAIT JAMAIS PU ME FAIRE CA, JAMAIS M’ABANDONNER ! TAIS TOI ! »

Detlev hurlait sa douleur. Des larmes coulaient abondamment sur ses joues, tandis qu’il plaquait ses mains sur ses oreilles, en essayant de ne plus entendre les atrocités qu’Amadeus lui murmurait à l’oreille. Mais sa voix, ces voix, il les entendait aussi dans sa tête … Un sanglot déchirant résonna dans la chambre.

Tu vois … Ca ne te fais que du mal … Detlev ?
Voix douce. Une enveloppe rassurante lui mit du baume au cœur. Amadeus lui releva le menton.

Je suis là pour toi, moi. Je ne te laisserai jamais tout seul. Je t’aime, tu sais. Je t’aime.

Son double plaqua ses lèvres contre les siennes.
La femme disparu de l’esprit de Detlev. Toute sa douleur, sa peine, sa tristesse, tous ses sentiments noirs disparurent. Comme absorbés par …

Le jeune homme ouvrit grand les yeux, lorsqu’il comprit enfin. C’était Amadeus qui annihilait tous ces sentiments négatifs qui menaçaient de le détruire. Un sentiment de gratitude infinie l’envahit. Il répondit au baiser d’Amadeus.

« Je t’aime. »

Un sourire satisfait étira les lèvres d’Amadeus l’espace d’un instant. Ca y était. Il avait finalement gagné. Pour de bon. Detlev lui appartenait totalement, pour toujours.